Le calvaire de Tchikatilo

De Mikhail Volokhov
Texte francais de Rene Guerra

En prison. La cellule d'un condamné à mort. Tchikatilo, sans se presser, arpente la cellule et se parle à lui même. Tout en mâchant un bout de pain, il chantonne.

On n'entend pas le bruit de la ville... Le cocher est assis sur son siège.

" Je vous aimais... et mon amour peut-être
Au fond du coeur n'est pas encore éteint.
Mais je saurai n'en rien laisser paraître.
Je ne veux plus vous faire de chagrin.
Je vous aimeis d'un feu timide et tendre,
Souvent jaloux, mais si sincèrement,
Je vous aimais sans jamais rien attendre...
Ah! puisse un autre vous aimer autant. "


Alexandre Serguéïévitch Pouchkine. Mon cher poète, préféré et inégalé. Voilà, Alexandre Serguéïévitch, c'est comme ça que nou vivons.Tout est calme, paisible et tranquille. On m'amène à manger à heures fixes. On ne crie pas, on ne m'insulte pas, personne ne me fait subir de vexations. Les soldats qui me gardent sont même plus polis que ce pédé d'avocat youpin. On me l'a imposé. Ils ont compris que j'étais un brave type et ils m'ont refilé ce youpin d'avocat. Est-ce qu'on a gagné notre procès? On m'a condamné à mort et ça s'appelle avoir gagné le procès. C'est moi que l'on jugeait. Est ce bien moi que l'on jugeait? Eh bien, ils se sont jugés eux même et ils ne se sont pas condamnés parce qu'ils m'ont condamné à mort. Voilà. Pourquoi y avait-il tant de victimes. Et chaque jour elles étaient différentes, des mamans, des papas, des tantes, des oncles, et des amis différents. Des que quelqu'un avait une attaque cardiaque, on lui faisait une piqûre et d'autres le remplaçaient. Vraiment, le peuple est dégénéré maintenant.

Et je comprends que chaque enfant a beaucoup de parents. Le père, la mère, un oncle, une tante, des amis. Mais. les cinquante que j'ai tué ne pouvaient avoir des milliers de parents. Je ne suis pas Boris Godounov, je n'ai pas assassiné le tsarévitch. J e ne suis pas plus ce chien d'Ivan le Terrible, mais je ne suis pas, putain, un deuxième Joseph Staline. Et le fait que je leur ai donné une mort digne des bienheureux et qu'ils sont maintenant lavés de tout péché, ça, ils ne veulent pas le comprendre, pas plus que leurs enfants ne sont allés directement au paradis en évitant l'enfer terrible de la vie. Ils n'ont pas eu le temps d'entrer en sixième qu'ils sont déjà montés au paradis. Certes, ils ont un peu souffert avant de mourir... Et dites moi, qui meurt sans souffrances, dans cette vallée des pleurs, putain, dans cette vallée cosmique. Il faut gagner, putain, et mériter le chemin qui mène au paradis, au prix de grandes souffrances.
Quand je tournais et retournais en sens inverse des aiguilles d'une montre le petit couteau dans un endroit, loin du coeur, et qu'ensuite les petits enfants criaient, pleuraient et gémissaient pataugeant dans leur sang de Tsarévitch immolé, -vous croyez que ça m'était facile à supporter - bien que ce fût, naturellement, agréable- c'était vraiment très agréable.
Vous n'avez qu'à lire Dostoïevski. Dans son oeuvre, il est clairement dit : donnez à l'homme une place sur un rocher - dix centimètres- et qu'un aigle sauvage affreux et sanguinaire vienne, chaque jour que Dieu fait, lui donner des coups de bec dans le foie, eh bien l'homme, avec une grande joie, acceptera une telle vie masochiste plutôt que la mort. Et Dostoïevski était un prophète. Il a écrit tout ceci à propos de nous, russes soviétiques. Il a écrit à l'avance tout ce qui allait se produire avec nous, les russes, quel bonheur-malheur soviétique allait arriver et écraser notre âme, putain de bordel. Et est-ce qu'on écoutait ce génie, ce prophète, putain? et ils l'ont condamné à mort, comme moi, ces chiens. Et cinq minutes avant l'exécution, ils ont commué la peine capitale en prison. Et ce que l'homme a vécu pendant ces cinq minutes avant l'exécution, lui, le plus grand écrivain russe, vous n'en avez rien à branler. Eh! que voulez-vous, après un tel choc moral, putain, il s'est mis à écrire des romans chaleureux à propos des gens. Les prophètes, les génies sont des gars qui ont du coeur. C'est pour ça qu'ils sont des génies et des prophètes. Et les gens ne pardonnent pas aux génies leur coeur. Pouchkine, ils l'ont tué, Lermontov aussi, Goumiliov, Mandelstam ;
Lorca a été flingue dans une orangerie. Quelle perversion. Moi, cardiaque, ils vont me crever en taule putain. Comme Goumiliov, comme Mandelstam. C'est le destin des juifs russes. Que puis-je ajouter à cela?

A qui prouveras-tu quoi que ce soit par cette vérité géniale, doux rêveur? On tue pour la vérité. A fortiori pour la vérité juive et russe. Et on les tue d'une façon tellement cruelle, putain, des bêtes! ce bétail qui tue comme du bétail et tue les prophètes de la terre russe compatissante. Et vous voulez , vous; bétail de gare, que les petits enfants avec leurs âmes pures deviennent du bétail, comme vous? Qu'ils deviennent des commerçants, des raquetteurs de passage, et qu'ils soient prêts à s'entr'égorger pour une poignée de dollars contre cet ordre des choses, contre le sens des aiguilles d'une montre, vous ne devez pas protester et si, parmi vos enfants; l'un était devenu un maniaque comme moi, seriez vous prêt a. envoyer à Dieu, au paradis, vos enfants innocents? Vous n'avez rien contre le fait que j'envoie au paradis, chez le Bon Dieu des futurs maniaques cordiaux qui sont encore aujourd'hui innocents et en germe?

Mon avocat de juif, putain, n'a pas encore dit pour ma défense cette vérité géniale et humaine, ce sale youpin, cette gueule d'enfoiré. Moi, je n'ai pas peur de la mort, surtout si on me la donne d'une balle au cours d'un combat. Quel con cet avocat, pourquoi doit-il encore toucher des honoraires alors qu'on m'a condamné à mort. Et pourquoi est ce que j'ai enlevé mon pantalon au tribunal, et que je leur ai montré ma queue à tous et que je lui ai fait prendre froid?

Là-bas, pendant le procès, c'était sans arrêts un vrai bordel avec ce courant d'air. La porte s'ouvre, se ferme, les médecins entrent avec des infirmières, tous en blouses blanches pour flanquer des piqûres contre les crises cardiaques de salles de gare, et ils créent le courant d'air et cette puanteur avec ces médicaments. Un tribunal populaire, d'état et il n'y a aucun ordre et on s'étonne, après ça. Staline a mis de l'ordre et ça n'a pas plu. Ils ont couvert de merde Lénine, quand s'est devenu possible, quand on a donné l'autorisation de jouer aux dissidents. Et qui en a donné l'autorisation? Ceux-là mêmes qui auparavant, à toutes les réunions du parti étaient toujours assis au présidium et signaient les arrêts de mort prononcés au nom de Staline et de Lénine. Eh bien, c'est absolument comme baiser Ninel sous le porche au froid. Faire de l'onanisme, se masturber? Et puis quel bordel d'hypocrisie. Tu restes trois heures à te geler sous le porche serré contre elle dans ses bras et elle ne t'invite pas à monter chez elle pour baiser. Eh quoi, Ninel aussi a réveillé et provoqué en moi le sadique. Une bête. Pendant trois mois, tout l'hiver, je lui ai offert des fleurs, des oeillets couleur bordeaux, comme la couleur de l'amour, de la violence et du sang et je les achetais au marché, chez les caucasiens les plus chers et les plus beaux. Et elle ne m'a pas laissé baiser avec son amour platonique, elle m'a baisé le cerveau. Et cet amour m'a frappé aux endroits les plus vulnérables comme des coups aux couilles. Et elle me disait que j'étais une femmelette et qu'il n'y avait rien en moi de mâle. Et tu as vu, maintenant, un reportage sur moi à la télévision.

Je n'ai fourré ma main dans ton slip qu'une seule fois et j'ai saisi ta chatte. La fête, ça n'arrive qu'un' fois dans la vie. Putain, putain, putain, moi, je te déclamais du Voznessenski, mon poète préféré à la télévision. Retirez l'effigie de Lénine. des billets de banque. I1 est pour les drapeaux et les étendards. Alors que Brodsky, putain, ce juif reçoit le prix Nobel.

Et Staline a aidé tous ces cons de juifs a obtenir le prix Nobel. Et Pasternak ei Cholokhov ci Soljenitsine et ce pédé de Gorbatchev. Putain, c'est toute une autre histoire. I1 a donné, merde, la liberté à la Russie. Merci, putain, pour des siècles, pour cette liberté. Et merci pour cette peine capitale. On va me descendre d'une balle comme un vrai poéte. Les génies ne font pas de vieux os ici-bas, qui plus est dans la géniale Russie. En Russie, nous sommes tous des génies et c'est pour ça qu'il y a le bordel le plus génial. Et je suis le seul en Russie à être comme ça. Je suis le seul à avoir obtenu une gloire mondiale, universelle. Et combien y a-t-il au monde de sadiques géniaux qui, comme des cons font leurs grandioses affaires dans l'anonymat. Putain d'enfoiré. Si on donnait le prix Nobel du sadisme, merde. On en trouverait des masses de perles rares en Russie. Jugez, vous mêmes ou on va. Nous. avançons. joyeux amis. Joyeux voisins et toute la chère famille. Pa pa pa "  " " ". Nous emmènerons avec nous le chat. Le singe et le perroquet, en voilà une équipe. Quelle équipe.

J'ai cueilli des fleurs rouges quand les fleurs étaient toutes épanouies et elles ont répandu le sang de l'amour quand je les tuais d'un amour tendre. Il ne faut vivre, on ne peut vivre sur le terre que dix ans. Et, si vous êtes un génie hors pair et l' ami numéro un de la nature cosmique et que vous avez vécu ici bas quarante ans, alors, la nature elle-même vous appellera pour l'aider à briller, à cueillir les petits enfants de dix ans et à élever au paradis leurs âmes sans péché. Et maintenant, putain, pour cette poésie, ces enfoirés vont me flinguer. Nicolas, le joueur de dominos, disait que le pistolet était relié à un système de détection électronique. Un beau jour, tu passes par le couloir pour aller à la promenade et le système se met en marche et le pistolet électronique envoie une balle qui vient te trouer le crâne. Et c'est comme qui dirait personne n'a appuyé sur le gâchette et ne porte la responsabilité. Pas besoin, putain, de se repentir ensuite. Qu'est ce que Svetlana, ma petite femme peut bien penser de moi. Il fallait y penser plus tôt. Et elle ne sait même pas baiser dans la baignoire. Je veux lui apprendre mais elle ne veut pas. Je lui demande de me sucer la bitte et elle me dit que mon filet lui semble être trop salé. C'est bien sa faute, putain et il lui a fallu quitter la maison et éloigner d'ici nos merveilleux petits Stiopotchka et Lydotchka. Sinon, ces salopards de gens vont, par vengeance, saigner ces innocents de dix ans, mon propre sang.

Moi, je trucidais et je baisais sur un plan et un espace spirituel 

Et j'ai, quand même, pris mon pied, comme un russe, lors du procès. C'était aussi agréable de conduire les flics, d'observer leurs réactions quand ils déterraient le petit cadavre d'un enfant. Et aussi étrange que cela puisse paraître, tu éprouves le plus grand et le plus tendre plaisir, après tous ces merveilleux crimes. Et, putain, tu égorges, tu tues un petit enfant en dix, maximum quinze minutes en faisant tourner progressivement le couteau dans la plaie. Et voilà, comme ça, plus de cinquante fois, j'en ai eu des aventures sexuelles. Et si on multiplie cinquante petites fois, ne fût-ce que par deux petites heures, cela donne cent petites heures, un peu plus de deux fois quarante huit heures. Et le procès, lui, putain, il a duré sept années. Voilà où j'ai pu prendre mon pied, mon plaisir pour de vrai.

Et on m'a exprès fixé un châtiment juif sans souffrances, sans le plaisir de la souffrance russe. Le système électronique s'enclenche, et voilà, plus de serge. Avant, il y en avait des châtiments, sur cette terre. On empalait, oui, on vous enfonçait un pieu dans votre charmant trou de balle, on vous écartelait, putain, sur la roue d'un carrousel, devant le peuple. En Chine, pays à la plus ancienne culture, un bambou vous déchirait le ventre, ou on vous mettait dans une fourmilière, on vous jetait en pâture aux fourmis, ou on vous soumettait au supplice de la goutte d'eau qui pendant des jours s'écoulait d'une source d'eau minérale et tombant sur votre petit crâne. Et pendant des années cela a été agréable pour tout le monde, tous y trouvaient leur compte, les bourreaux, les victimes, et le peuple. Votre peuple aussi est venu avec enthousiasme assister à mon jugement. Ce serait un péché de se plaindre, j'ai eu un vache de succès.

Quand j'ai montré ma queue toute chaude à la caméra pour qu'ils la filment, ça a fait l'effet d'un coup de vapeur dans un bain russe. Mon avocat m'a conseillé de faire semblant d'être schizophrène. A ça, non, putain, camarade avocat juif. Pour ce qui est de la folie, je suis à jour comme un abajour, j'ai montré à toute cette belle et chère humanité ma bite simplement comme ça. Les juifs, vous avez entendu parler de l'altruisme? C'est vous qui, à la télévision, avec votre sperme judaïque innondez les cerveaux et recevez, putain, en échange, pour avoir totalement perverti des gens simples aux yeux bleus, le prix Nobel. Et ici cette Ninel je l'ai embrassée par un froid russe sibérien et cette chienne, putain, elle ne m'a pas laissé baiser.

Putain, le dernière fois que je l'ai embrassé je l'ai sortie exprès de ma braguette et elle, putain, naïve, elle s'est mise à éjaculer toute sa semence sur ses chaussures. Et cette salope a tout de suite réagit. Elle s'est mise à gerber sur la neige du chemin. Quand son athlète Kgébiste, Kolochine, l'haltérophile, champion du monde, lui baisait la gueule, ça ne la faisait pas vomir. Là, elle ne dégueulait pas cette chienne. Et moi, j'ai pas fait exprès d'éjaculer sur cette salope; mais elle, elle a recouvert de ses vomissures toute la neige du chemin. Elle disait que Kolochine avait une bite de 45 centimètres.

Il lui a fait croire qu'en Occident où il s'est branlé plus d'une fois avec ses haltères, les athlètes hatitérophiles tout nus sont allongés sur la plage et les Nineik, avec un mètre, passent entre eux et mesurent leurs bittes. Et, sur place, elles choisissent la plus longue queue pour se faire tringler. Et moi, pendant tout l'hiver, cette bien-aimée je l'ai embrassée dans le froid et je lui ai offert les fleurs les plus chères du marché, et je l'ai couverte de cadeaux cette connasse . Naturellement, putain , je ne suis pas Kolochine, ni un haltérophile avec une bitte de cinquante centimètres, mais, Ninel chérie, c'est pas avec sa queue qu'on fait l'amour, mais avec son âme. Pour toi, connasse, j'ai trompé ma femme Svetlana, sans me cacher, prétextant que j'étais resté pour faire des heures supplémentaire au LEP, que, soi-disant, j'y dirige un séminaire sur la littérature occidentale, où je parle de Niestsche et de Camus. Comment voulez-vous que Nineika apprécie tout cela.

O comme la jeunesse m'aimait. Putain, ce n'est mas un mensonge?!! Et on m'aimait au LEP comme individu et corne professeur de russe compétent et capable d'enseigner la littérature russe. Et on m'appelait familièrement et amicalement oncle Serge, car j'étais humain avec toutes ces petites putes du LEP.


De quelle façon j'arrivais à attirer les petits enfants dans la forêt. Uniquement avec un discours humain et chaleureux. Ici, il ne faut pas jouer selon la méthode Stanislavski la vie de l'esprit humain. Ici, l'âme doit être originellement angélique et bonne pour convaincre 54 personnes d'aller, comme à l'abattoir, dans une forêt impénétrable.
"Je gisais, seul, inanimé, La voix de Dieu vint m'appeler :
"Debout, prophète, entends et vois, Que ma volonté te pénètre Et que ton verbe, en tout endroit Brûle le coeur de tous les êtres.""
.. Et moi, j'ajoutais le petit couteau pour les seriner. On m'aimait à mon travail au LEP.
Et, putain, on en fait des crottes dans le quartier des condamnés à mort. Ma crotte est comme la bitte d'Eugène, aussi grosse, longue et arrondie. Quand ce droit commmun d'Eugène m'a perverti et l'a raconté à mes voisins, ces salopards ont commencé à se moquer de moi. Ils n'osaient pas se moquer d'Eugène parce que , lui, il n'est pas passif. Mais, le passif, ensuite il a seriné l'actif.
J'avais bien calculé mon coup, et monté mon stratagème, tous ont pensé que c'était le prisonnier, c'est eux qui avaient réglé leur compte. Mais je leur ai déclaré que c'était moi qui l'avait tué, votre humble serviteur.
Quel plaisir peut on avoir sans la douleur? Il n'y a pas de vie sans douleur. J'ai enfoncé, dans le coeur de Guénadi, ce tournevis, et je l'ai enfoncé avec un plaisir, ce plaisir que connaît le détenu. Malheureusement,putain, en tournant le couteau, il n'était pas possible de torturer Guéna  il avait des biceps plus costauds que ceux de Kochkine, il serait redevenu lucide si je l'avais torturé et il m'aurait envoyé dans l'au delà sans autre forme de procès
C'est Dieu lui même qui me l'a mis comme on met un offrande sur l'autel des sacrifices.
Il y a eu, avec Guénadi, un petit moment où j'ai eu la chair de poule, j'ai fait mon petit délicat quelque part dans le dos, quand je lui ai enfoncé le tournevis jusqu'au manche, et alors le fort Guénadi a gonflé sa poitrine d'air - il m'a semblé, frère, qu'il avait repris vie, comme le Christ, que Guénadi.
Alors j'ai encore eu la chair de poule, plus fort, quand avec sa puissante grosse main droite, il a saisi le manche du tournevis et a retiré de son coeur la partie métallique. Oh, comme Raspoutine, Grishka, ce pédéraste de Guénadi, n'a pas ressucité après cette blessure rouillée et il s'est effondré par terre, enfonçant dans le sol ce tournevis.
Ou etes vous mes chers petits trains ou j`attrappai ces petits papillons innocents a la flamme de l`ame meme. 
J'ai rencontré un petit garçon, Victor, encore éphèbe, dans le petit train de banlieue, et je l'ai amené dans le petit bois, comme on amène un petit cabri. Là, je lui ai raconté l'histoire du petit Chaperon Rouge, et puis en récompense, je l'ai baisé et je l'ai égorgé.
Ca, je comprends, ça a été vraiment le pied. Comment, après cela, comparer avec cette vomissure de Nineika, qu'elle aille se faire foutre. Ensuite elle m'a téléphoné, elle-même, pendant des mois en me proposant directement elle-même que je la baise salope. Est-ce que Kochkine s'est abîmé la queue, sa queue tendue comme une trique, à force de la violer avec sa gaule, mais moi, Nineika, j'ai même pas envie de l'égorger, après le jeune Vitia, ça, ça a vraiment été un délice. Ensuite c'a été le tour de Dimotchka, putain, de la classe 4A, puis Oksanouchka, putain, élève de cinquièmeB, ensuite, Igorotchka, élève de 4'eme etc, putain, etc
Ce serait un péché de me plaindre de mon destin. J'en ai quand même essayé cinquante quatre, bien plus à fond que Volodia Nabokov, d'une façon plus richeJusqu'au coeur même de la mort, putain, j'ai bu jusqu'à la lie le calice vivifiant du cosmos terrestre de ces nymphettes, et;
Naturellement, actuellement, ce ne sont pas des temps merveilleux,et ce n'est pas ? avant le chatiement, ni putain, je n'ai même pas la télé où on dit des conneries sur moi aux nouvelles sur moi, où on me débine le monde entier.
Et même ce manque de justice m'empêche de me branler, si cette salope de salle de gare me laissait au moins choisir la mort que je désire, comme, putain, j'ai trucidé ces enfants tels des tsarévitchs, eh bien, tue avec souffrance, putain, et que cette souffrance soit grandiose digne d'un tsar. Mais où trouver un bourreau qui soit capable d'abord de me bourrer le cul, et ensuite, de m'enfoncer sadiquement le couteau en le faisant vriller. Naturellement, Guénotchka, lui, aurait été capable de remplir cette mission.
Ah, comme je soupirerais, comme je pleurerais comme je geindrais, comme je crierais à l'aide comme un possédés, et que l'on prolonge indéfiniment cette souffrance extrême, que cette ultime souffrance soit royale. - Il pleure et sanglotte .
Ìais le destin n'a pas voulu que je termine ma vie dans la souffrance. Je ne suis pas Pouchkine, pour, putain, crever d'une jolie mort longtemps, dans de grandes souffrances et dans mon petit lit chaud.
Mais moi-même me tuer dans la douleur, c'est pas intéressant pas du tout. Je ne fais pas d'onanisme, il faut pour cela être vraiment maniaque.
Quand tu tue les autres, putain,tu prends ton pied, mais tourner dans soi-même le couteau, ça, ça fait mal, frère, c'est pas intéressant, donnez moi, un partenaire, un bourreau, seulement.
Ce pistolet téléguidé, ce sera comme si je n'avais jamais été sur cette terre. Et c'est comme si, putain je n'avais jamais existé. Et les enfants vont pouvoir dormir tranquillement et faire des rêves merveilleux. Comme si je n'avais existé. Et ce sera comme si tu n'avais jamais existé en ce bas monde. Je suis d'accord avec l'accusation et le procureur. Qu'ils me trucident le plus rapidement possible et un point c'est tout - comme si il n'y avait eu personne et que rien ne s'était produit. Pourquoi ce procès avec moi, il le font durer si longtemps? Je ne comprends pas pourquoi ce procès qui m'est intenté traîne tant. Pour me procurer du plaisir? je ne pense pas. Est-ce qu'ils font ça pour leur plaisir? pour eux; oui, ils ne veulent faire durer le plaisir que pour eux je ne vois pas pour qui d'autre. Aux frais de l'état la jouissance. Le système soviétique m'a enfanté, m'a fait tel que je suis, un loup. Que vais-je faire? Comme les anciens, plus expérimentés me l'avaient apris, moi, j'ai toujours agi suivant la morale de ce pays, si ce pays a une morale fasciste, alors tu dois être fasciste, et putain, c'est moral et c'est humain. Quand à moi, putain, je ne suis pas une bête sauvage, moi, je suis un homme humain avec un coeur, putrain de merde.
Staline, Lénine ils ont trucidé des millions de gens, putain, ils ont montré l'exemple de ce qu'était le stakhanovisme II faut accuser notre époque et non pas moi. Je suis un homme normal. Je ne suis pas un shizo complexé, comme la plupart d'entre vous.
Et ce sont des des shizo, bien entendu, qui m'ont condamné.. Et c'est à moi, le seul être humain normal à me repentir auprès d'eux cette bande de putes. Quand je châtiais ces petits enfants, véritables tsarévitchs, c'était pour leur bien. Car, c'était une torture pour moi, et c'est moi que je châtiais en premier lieu. car, de mon propre gré, je sacrifiais mon âme sur le bûcher. Pour moi, putain, c'était une forme de protestation, contre vous, fils de putes, contre ce monde dégueulasse, mercantile et de pacotille. Ces petits enfants tsarévitchs que j'immolais, putain, eux simplement ils mouraient, en quelque sorte, de mort naturelle. C'est seulement moi, qui restait vivre dans ce monde dégueulasse, noir et soviétique!!! car il n'y a pas d'autre monde!!! nulle part sur la terre !!!- il pleure - et de nombreux tsarévitchs n'ont même pas pleuré. Ñ'est avec une grande reconnaissance céleste qu'ils me regardaient dans les yeux, dans mes yeux gentils et moi, je regardais leurs yeux d'anges. Et pour nous, pour eux comme pour moi, on se sentait bien, sur ce lit de souffrances et de sacrifice. Et ensuite, moi, je leur mettait leurs petits habits de pionniers, je leur creusait une petite tombe et je les enterrait royalement d'une façon humaine, comme ces petits de la révolution d'octobre. Je faisais tout d'une façon très humaine. C'est que je tuais seulement des anges célestes pour qu'ils puissent s'envoler directement vers Dieu, au plus haut des cieux, pour qu'ils ne deviennent pas des trognes, et pour qu'ils ne perdent pas leur âme sur cette terre infernale, comme la salle des pas perdus d'une gare.
Vous, mes chers juges, l'enfer, putain est déjà surpeuplé de gens de votre espèce. C'est comme ça que le diable sort de la Russie. Voilà, c'est ainsi que le démon progressivement sort et quitte la Russie. Moi je ne suis responsable que d'une chose, c'est d'être né l'être le plus humain qui existe, j'ai permis à la Russie, notre mère de se débarrasser du malin. Dans ce cas précis, on doit me dire merci. Mais, le bien en ce bas monde est toujours puni par la mort. Et si moi, j'ai raison, et non pas vous avec tout votre monde humain, et si c'est moi qui avait raison devant Dieu!? - il pleure.

Noir